23 août 2010

CIAH-Cameroun lance un appel à action urgente face à la démolition au Bois des Singes à Douala

La vague de déguerpissements continue au Cameroun. Le Délégué de la Communauté Urbaine de Douala a emboîté le pas à son collègue de Yaoundé en opérant des démolitions au quartier dit Bois des singes, au détriment de toute procédure et de toute prise en charge des concernés. La complicité des autorités politiques, l’absence d’un véritable mouvement de défense des droits, mais aussi l’ignorance des victimes sur leurs droits contribuent à encourager ces opérations de déguerpissement qui nous rappellent ceux des quartiers Messa, place dite Collège Lissouck et de Mfandena du côté du Stade Omnisports à Yaoundé pour ne citer que les cas les plus récents.

Les populations ont investi progressivement le lieu dit Bois des Singes, il y a une quinzaine d’années, en abattant les arbres afin d’ériger des habitations. Pour la majorité, les terrains acquis leur ont été vendus par certains notables Bona Bele dont l’identité n’a pas été révélée. Comme l’écrit le quotidien Cameroon Tribune du 14 juin 2010, « pour la Communauté Urbaine de Douala, aucun de ces soit disant propriétaires terriens ne possède de titre foncier. Par conséquent, ceux qui occupent ce site ne détiennent pas eux non plus de titre de propriété ni de plan de lotissement ».

C’est ainsi qu’au cours de la semaine du 7 juin, les agents de la Communauté Urbaine de Douala ont mené cette opération de démolition et de déguerpissement au Bois des Singes obligeant de nombreuses familles à errer ou à cohabiter, pour ceux qui ont de la chance, avec parents ou amis, ou encore à dormir à la belle étoile avec des enfants préparant leurs examens de fin d’année scolaire. Des risques de perte d’emploi sont également anticipés avec la destruction des salons de coiffure, des magasins et autres étalages destinés au petit commerce du quartier.

S’il est difficile d’estimer le nombre exact de victimes, on peut néanmoins dire que c’est une population considérable qui a investi et mis en valeur ce lieu dit Bois des Singes de la ville de Douala. Un bon nombre d’habitants a heureusement pu quitter le quartier avant le début des casses. Les victimes sont pour la plupart des vendeurs à la sauvette, des commerçants, des coiffeurs, des travailleurs aux revenus modestes, des familles avec des enfants en âge scolaire, des jeunes et même des personnes du troisième âge.

Ne pouvant rester muet face à cette situation, le CIAH-Cameroun a lancé un appel à action urgente à ses différents partenaires dans le cadre du Réseau au Droit à la Terre et au Logement (Housing and Land Rights Network). Cet appel vise à engager différents intervenants internationaux à encourager le gouvernement camerounais a remedier ces expulsions et démolitions et que les autorités procèdent à l’indemnisation des populations déjà parties du quartier et se retrouvant sans abris. Le CIAH souhaite également que soient prises des mesures urgentes pour garantir l'habitation alternative adéquate et qu’un dialogue franc soit engagé avec les communautés affectées conformément aux principes de droits de l'homme.

-Edwige Ekotto (stagiaire CIAH)


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